Le dernier testament de Ben Zion Avrohom ~ James Frey

Après la toxicomanie et le rêve américain brisé, le sulfureux James Frey a semble-t-il décidé de s’attaquer au puritanisme américain et à la religion en général.

Le dernier testament de Ben Zion Avrohom n’est rien de moins que le récit du retour sur Terre du Messie. Un prophète d’un genre nouveau se faisant appeler Ben Jones qui évolue dans le New York du XXIème siècle. N’espérez pas trouver ici la moindre petite ressemblance avec l’histoire du Christ telle qu’on vous l’a enseignée durant vos cours de catéchisme (ou pas), celui-ci est bien différent.

Mais si le fond diverge, la forme elle, est en tous points conforme au Nouveau Testament. Le récit est en fait une succession de témoignages de treize personnages et chacun des chapitres porte leur nom. Se succèdent ainsi les membres de la famille du messie, sa voisine prostituée et accro au crack,  un chef de chantier, un agent du FBI, un homosexuel qui ne s’assume pas, un SDF vivant dans le sous sol de New-York et j’en passe.

On apprend ainsi, à travers ces treize voix, que ce nouveau messie couche avec des femmes mais avec des hommes aussi. Il est amour, au sens propre comme au figuré. Il ne croit pas non plus en Dieu et n’éprouve que peu d’intérêt pour les religions. Il se contente de vivre en rendant les gens heureux en attendant la fin du Monde, qui arrive, inexorablement.

On pourrait penser que ce livre n’est rien d’autre qu’un livre subversif, destiné à choquer l’Amérique puritaine, mais ça serait mal connaître James Frey. Le dernier testament de Ben Zion Avrohom est bien sûr une critique de nos sociétés occidentales contemporaines et de la société Américaine en premier lieu pourtant, j’ai trouvé que ce livre était aussi emprunt d’espérance, une incitation à la paix et à l’amour.

A vrai dire, j’ai retrouvé dans ce livre tout ce que j’aime chez James Frey. Le ton de l’auteur est tranchant mais fluide, comme à son habitude et le style y est brut : texte non justifié, ponctuation réduite au minimum, dialogues non marqués.

Je ne saurais que le conseiller aux plus ouverts d’entre vous, ils passeront un très bon moment avec un auteur américain sur lequel il faut désormais compter, enfin je pense…

Le dernier testament de Ben Zion Avrohom de James Frey
Chez Flamnarion
381 pages

A suivre :










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American music ~ Jane Mendelsohn

Tout commence par une rencontre, celle de Honnor, une jeune kinésithérapeute, et de Milo, vétéran de la guerre d'Irak. Alors que la jeune femme essaie de rendre à Milo l'usage de ses jambes, des images du passé surgissent dès que ses mains entrent en contact avec la peau de son patient. 

Des histoires prennent alors vie : celle de Joe et de Pearl un couple qui va se retrouver en plein tourment suite à l'arrivée d'une lointaine cousine, celle d'une femme photographe dont les œuvres, en passe d'être exposées dans un grand musée new yorkais, sont volées.  Mais aussi celle d'une jeune fille, membre du harem d'un sultan turque et d'une autre jeune femme, devenue mère trop tôt. 

Le récit est ainsi une succession d'allers retours entre différentes tranches de vies, différentes époques : le XVIIème siècle, les années 30, 60 et 2000. 


Voici un joli livre, tout en délicatesse et en poésie.

Jane Mendelsohn, dont je n'avais encore lu aucun livre, réussit à nous transporter, sans jamais nous perdre, dans ces multiples quotidiens. Peu à peu, ces histoires, tout d'abord isolées les unes des autres, finissent par n'en former qu'une seule. 

Plus qu'une simple succession d'histoires, American music est aussi un hommage à une certaine Amérique du XXème siècle, celle de la musique et du jazz en particulier, qui résonne dans chaque phrase.

Il suffit juste de se laisser transporter. 

"Puis sa main était remontée jusqu’au cou et elle avait vu d’autres apparitions. Des personnes qui se mouvaient en musique, couples scintillants sur une piste de danse."

American music de Jane Mendelsohn
Aux éditions Calmann Lévy
272 pages
Livre lu en format numérique

A suivre :


 








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Le cas Sneijder ~ Jean-Paul Dubois

C’est le 4 janvier 2011 que la vie de Paul Sneijder bascule. Alors qu’il se trouve en compagnie de sa fille née d’un précédent mariage à Montréal, l’ascenseur qu’ils occupent avec 3 autres personnes se décroche. Il est le seul et unique survivant.

Après plusieurs semaines de coma, Paul se réveille, sans sa fille qu’il aimait tant. Il a perdu le goût de la vie, ne tolère plus la présence de sa seconde femme qui a toujours refusé que sa fille fasse partie de leur vie ni de ses jumeaux nés de ce second mariage. Son seul réconfort, il le trouve désormais enfermé dans son bureau, en compagnie des cendres de sa fille, à lire livres et magazines traitant d’ascenseurs.

Un jour, il tombe sur une petite annonce proposant un emploi de promeneur de chien, un job qui pourrait peut-être lui redonner goût à la vie...


De Jean Paul Dubois, j’ai lu Une vie française, il y a longtemps certes, mais qui m’a laissé un très bon souvenir. Je l’avoue, si Le cas Sneijder ne m’avait pas été vivement conseillé et s’il n’avait pas été écris par Dubois, je ne l’aurais sûrement pas lu. La faute à la quatrième de couverture qui m’a laissé totalement dubitative… Une histoire de chiens et d'ascenseurs ?!?

Et pourtant... Le cas Sneijder est un très beau livre. Un livre qui relate une histoire tragique mais dans laquelle l’auteur parvient à insérer la dose d’humour noir qui fait sa signature.

Paul Sneijder est un personnage attachant. C’est une vrai souffrance de le voir évoluer, seul, dans son quotidien qui tourne désormais autour des ascenseurs, entouré d’une famille à qui il fait honte, doté d’une femme carriériste et sans amour pour qui seul le paraître importe. Puis, peu à peu, il se relève, pour peut-être mieux sombrer.

Un livre difficile où humour et gravité se succèdent tour à tour et remarquablement bien écrit. Jean Paul Dubois se plaît à dire qu’écrire l'emmerde, c’est peut-être ça son secret ?

"La vie, ce sport individuel qui mériterait, pour peu que l'on considère l'absurdité de ses règles, d'avoir été inventé par un Anglais bipolaire, avait assez d'humour pour laisser à des chiens, dont je ramassais ce que l'on sait, le soin de me redonner une petite part de la confiance et de la douceur dont la plupart des miens m'avaient depuis longtemps privé."

Le cas Sneijder
Aux éditions de l'Olivier
217 pages

A suivre :










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Lecture et légèreté

Voilà quelques temps que l’idée de ce billet me trottait dans la tête. La lecture d’un billet sur un blog littéraire déplorant que les gens ne lisent désormais plus que pour se divertir au détriment des grands classiques m’a finalement décidé à l’écrire.


Je l’avoue, ce billet m’a agacé, vraiment agacé. Je suis fermement opposé à cette vision de la lecture que j’aurais tendance à qualifier d’élitiste voire de carrément snobe. Je pense même que ce genre de vision contribue à renforcer cette image tant répandue de la littérature : une activité intellectuelle ennuyeuse réservée à quelques cerveaux bien fais. 

Je ne lis pas en premier lieu pour apprendre, ni pour me sentir plus intelligente, ni pour comprendre le monde dans lequel je vis, ni pour élargir ma culture générale. Je lis pour le plaisir. Le plaisir de pouvoir m’évader pendant quelques heures dans un univers à mille lieux du mien, qu’il soit joyeux ou qu’au contraire il me tire les larmes des yeux.  Je suis désolée de vous l’apprendre, mais je lis pour me divertir.

Bien sûr, les classiques ont leur importance et il est primordial qu’ils tiennent une place privilégiée dans les écoles françaises. C’est avant tout à travers eux que l’on acquiert le plaisir des mots. 

Si certaines personnes trouvent leur plaisir dans la lecture d’un Zola ou d’un Kafka, c’est bien. Si d’autres prennent plaisir à lire des romans policiers, des romans d’amours ou de la science fiction, c’est bien aussi. La lecture aussi peut-être légère et tant mieux.

L’important n’est-il pas de LIRE ? N’est-il pas préférable de voir un enfant lire Harry Potter ou Twilight plutôt que de le voir s’abrutir devant une télévision qui lui dévore le cerveau ? 

Je ne sais pas, à vous de me le dire…


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Otis Lee Crenshaw contre la société ~ Rich Hall

S’il y a bien une chose que je n’attends pas des livres, c’est qu’ils me fassent rire, je préfère laisser ça au cinéma.  Oui c'est bizarre je sais. Et pourtant, il m’arrive parfois de me laisser séduire par un livre estampillé « humoristique ». Otis Lee Crenshaw contre la société en fait partie. 

Pour la petite histoire, Rich Hall, l’auteur de ce livre, est un humoriste américain. Otis Lee Crenshaw est le personnage qu’il incarne sur scène. Son spectacle Rich Hall is Otis Lee Crenshaw, récompensé aux Emmy awards, est par la suite devenu ce roman.

Otis Lee, c’est un peu le stéréotype du rebus américain du middle west, le péquenot dans toute sa splendeur. Incapable d’exercer un boulot normal, il se retrouve entre quatre murs pour avoir volé des mobiles home, non pas leur contenu, mais bien les mobiles home eux-mêmes (détail qui semble-t-il a son importance). Poisseux jusqu’au bout, il partage sa cellule avec un type qui passe ses nuits à violer une poupée de secourisme. 

Son truc à Otis, c’est plutôt la country, la vrai, il aspire d’ailleurs à devenir chanteur et à écumer les scènes de Nashville. Son inspiration, il la trouve chez ses cinq femmes successives, qui s’appellent toutes Brenda car oui, dès qu’il rencontre une femme prénommée Brenda, Otis l’épouse, sans pour autant divorcer de la précédente d'ailleurs. Les choses sont ainsi faites…

J’ai bien ri pendant toute la lecture de ce livre. Les situations cocasses se succèdent et la vision de la vie dépeinte par Otis entre deux verres de bourbon est un vrai bonheur. Mais détrompez-vous, Otis n’est pas un idiot, il a d’ailleurs une vision assez lucide du monde qui l’entoure ! Car au-delà d’un simple livre drôle, Rich Hall dresse ici un portrait tout en satire d’une Amérique profonde à mille lieux de l’American dream. 

Un très bon livre donc, qui sort de l'ordinaire, plein de bonne humeur et de bon sens !

"Aux Etats-Unis, ton nom trahit la position que tu occupes sur l'échelle sociale. S'il est placardé à l'extérieur du bâtiment dans lequel tu travailles, c'est que tu es riche. S'il figure sur ton bureau, c'est que tu appartiens à la classe moyenne. S'il est épinglé à la pochette de ta chemise, c'est que t'es un putain de pauvre."

Otis Lee Crenchaw contre la société de Rich Hall
Aux éditions Rivages
380 pages

A suivre :










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L'enquête russe ~ Jean-François Parot

Voilà douze années que Jean François Parot me régale avec sa série des Nicolas le Floch, ce jeune breton débarqué à Paris, devenu inspecteur puis commissaire au Châtelet et qui a su, grâce à ses qualités, obtenir la confiance des Louis XV puis le Louis XVI. 

Ce que j’apprécie tout particulièrement dans cette série, c’est de pouvoir la lire sans craindre les imprécisions historiques qui sont monnaies courantes dans les polars historiques tant l’érudition de Jean-François Parot est grande. Au-delà de ça, il faut dire qu’en douze ans j’ai eu le temps de m’y attacher à ce Nicolas le Floch ! 

Cette dixième enquête se déroule au printemps 1782. Nicolas Le Floch se trouve chargé par la reine Marie-Antoinette de veiller à la sécurité du tsarévitch Paul, comte du Nord et fils de Catherine II de Russie, de passage en France. Le bien être et la sécurité de cet homme est en effet primordial puisque la France compte bien bénéficier du soutien des russes dans le conflit qui l’oppose à l’Angleterre. 

Alors que Nicolas essaie de s’infiltrer dans l’entourage du tsarévitch et de gagner sa confiance, un noble russe est assassiné quelque part dans Paris et ce n’est que le début. En effet, d’autres morts violentes suivent et semblent même se rapprocher inexorablement du comte du Nord…


Que vous dire à part que L'enquête russe est un très bon cru ? Jean François Parot excelle encore dans cet art de mettre en place une intrigue intelligente tout en faisant découvrir à son lecteur une époque et un Paris passionnants.

Comme toujours, les anecdotes truculentes sont au rendez-vous et on continu d’en apprendre encore un peu plus sur cette période prérévolutionnaire.

J’ai encore une fois passé un excellent moment et me languis comme à chaque fois le prochain…

C'est avec ce livre que j'ai inauguré le Kobo qui m'a été offert pour mon anniversaire. Je vous ferais un petit compte rendu de mes impressions sur la lecture numérique très bientôt. 

L'enquête russe de Jean François Parot
Aux éditions JC Lattès
550 pages
Acheté au format numérique

A suivre :










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