Jeanine ~ Matthias Picard


Je crois bien que de toutes les BD que j'ai pu lire depuis que je m'y suis mise il y a quelques semaines celle-ci est ma préférée, incontestablement.

Dans cet album, Matthias Picard nous relate la vie passionnante de Jeanine, une de ses voisines, péripatéticienne de son état. Jeanine a dépassé la soixantaine, mais elle continue à exercer, il faut bien payer les factures. Entre deux nuits de travail, elle entreprend de raconter son incroyable vie à Matthias, alors étudiant aux Arts Déco de Strasbourg.

Née en Algérie, rien ne prédestinait Jeanine à exercer le plus vieux métier du monde. Elle qui rêvait de devenir nageuse professionnelle va vite comprendre que l'attrait que les hommes ont pour elle pourrait être mis à profit. Une déception amoureuse la mènera finalement sur les trottoirs de Strasbourg, après un bref passage dans une prison allemande, où sa carrière connaîtra son apogée. 

Sous le nom d'Isa la Suédoise, Jeanine va vite se tailler une réputation et devenir chef de file d'un mouvement défendant les droits des prostituées, militantisme qui la mènera jusqu'à l'ONU.


Impossible de ne pas s'attacher au personnage de Jeanine, le talent de Matthias Picard pour retranscrire les expressions y est d'ailleurs pour beaucoup.

Ne passez pas à côté de cette très sympathique BD pleine de tendresse et d'humour. 

Jeanine de Matthias Picard
Aux éditions l'Association
100 pages

A suivre :










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Zeste, le magazine culinaire des ménagères de moins de 40 ans


Depuis quelques mois je n'achète plus de magazines féminins. Trop rébarbatifs, trop publicitaires, pas assez intéressants surtout. Du coup je me suis rabattue sur d'autres styles de revues, Muze tout d'abord le féminin culturel dont je vous parlais déjà ici et dont je reste une lectrice assidue, mais aussi des revues culinaires depuis que je me suis mise à la cuisine. 

L'offre en la matière s'est grandement diversifiée depuis plusieurs années et parmi tous les titres disponibles j'ai eu un vrai coup de cœur pour Zeste, bimensuel édité par Côté maison, qui tire vraiment son épingle du jeu selon moi . 

Le magazine est funky, coloré, les recettes proposées sont soient classiques soient originales mais toujours à la portée de tous. Le slogan de la revue est d'ailleurs "Cuisinons simple et bon".

Le dernier numéro vient de sortir et vous pourrez y trouver des recettes roses et vertes, des recettes originales à base d’œufs et un dossier spécial sur les dîners en solo ou comment faire d'un dîner en tête à tête avec soi même un moment de plaisir.


Pour vous faire une idée de l'esprit du magazine, je vous propose de faire un tour sur leur site internet, vous pourrez d'ailleurs y retrouver une sélection de recettes. 

Le magazine est vendu au prix de 3.90 €.

Billet non sponsorisé. 

 
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Super triste histoire d’amour ~ Gary Shteyngart


Super triste histoire d’amour est un roman d’anticipation.

Lenny Abramov est un quarantenaire vivant dans un New-York futuriste. Dans le monde de Lenny, les livres papiers sont en voie de disparition en raison de leur mauvaise odeur. Les gens y sont classés selon deux critères qui suffisent à définir leur valeur : leur degré de personnalité et leur degré de baisabilité. Tous les individus portent à leur cou un « aparat », un smartphone amélioré à côté duquel un iphone 4S pourrait passer pour un nokia 3310…

Dans ce monde, les Etats-Unis sont un pays dont plus personne ne se souci. La Chine est devenue toute puissante, le dollar est désormais indexé sur le Yuan.

Si jusque-là la vie de Lenny lui paraissait sans saveur, sa rencontre avec la très jeune Eunice Park dont il tombe follement amoureux lors d’un séjour à Rome semble annonciatrice d’un avenir plus heureux mais rien n’est moins sûr.


Je n’ai pas l’habitude de lire de tels romans, je me suis donc retrouvée un peu perdue lorsque j’en ai entamé la lecture. C’est en grande partie la construction du récit qui m’a mise en difficulté : une alternance entre le journal intime de Lenny Abramov et des correspondances numériques d’Eunice Park dans des vocabulaires très différents à chaque fois. Mais j’ai fini par m’y faire.

Une chose est sûre, ce roman porte bien son titre. Il y est question d’une histoire d’amour qui, comme vous pouvez aisément le deviner, finit mal. Ce que je retiendrai de ce livre, ça n’est pas le récit de cette histoire d’amour vouée à l’échec, mais plutôt la description d’un monde qui peut nous sembler lointain mais qui est pourtant bien plus proche du notre que l’on pourrait le croire. Si  nous ne savons jamais vraiment à quelle année l’histoire se déroule, on se doute aisément que ce futur n’est pas si lointain que ça, qu’il nous guette peut-être.

Ce livre souffre pourtant d’un certain nombre de longueurs qui peuvent en rendre la lecture un peu fastidieuse. Les personnages sont par ailleurs peu attachants, notamment celui d’Eunice, d’une puérilité assez fatigante à la longue.

Je le conseille donc aux plus curieux d’entre vous, les autres, passez votre chemin.

Super triste histoire d'amour de Gary Shteyngart
Aux éditions de l'Olivier
409 pages

A suivre :  










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Le combat ordinaire (tome 1) ~ Manu Larcenet


Le combat ordinaire c’est celui de Marco, photojournaliste qui a quitté Paris pour s’installer à la campagne. Son boulot il ne l’aime plus, il en a marre de photographier « des cadavres exotiques ou des gens en passe de le devenir ».  Mais même son psy ne peut rien pour lui.

Ses parents commencent à se faire vieux, sa mère s’inquiète pour un rien, pour sa constipation surtout, son père est en train de perdre la mémoire. Il a un frère qui l’appelle Georges (et qu'il appelle Georges aussi) avec qui il se marre bien en fumant des gros pétards.

Un jour, Marco rencontre Emilie, une jeune vétérinaire qui va soigner son chat méchant. Et là tout bascule : la vie à deux, les projets d’avenir auxquels Marco n’avait même pas songé...

Le combat ordinaire « c’est l’histoire d’un photographe fatigué, d’une fille patiente, d’horreurs banales et d’un chat pénible », tout simplement. Une belle histoire, toute en simplicité, en tendresse et en humour, aux dessins capables de retranscrire la moindre émotion. 


Le combat ordinaire, Tome 1 de Manu Larcenet
Chez Dargaud
54 pages

A suivre :

 








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Le chuchoteur ~ Donato Carrisi


Ce polar au titre intrigant me faisait de l’œil depuis sa sortie il y a plusieurs mois de ça mais j’en reportais toujours la lecture, sans raison particulière. J’ai finalement cédé la semaine dernière alors que j’étais à la recherche d’une lecture pas trop complexe mais prenante, grand bien m’en a pris.

Deux adolescents en promenade en forêt découvrent un cimetière bien macabre, un cimetière de bras : six bras provenant de six petites filles soigneusement enterrés. Alors que cinq de ces enfants ont été portées disparues récemment, personne ne réclame la sixième petite victime. Qui est-elle ? Pourquoi a-t-elle été torturée dans des conditions différentes des autres ? Et où se trouvent les corps ?

Une équipe d’enquêteur avec à leur tête un criminologue se lancent à la recherche du tueur en série. Ils sont vites rejoins par Mila, une policière spécialisée dans les enfants disparus.

Le chuchoteur peut sembler de prime abord être un polar tout ce qu’il y a de plus classique (un groupe de flics pourchassant un tueur en série), je ne m’attendais donc pas à être aussi agréablement surprise.

La première force de ce livre tient dans ses personnages, tous dotés d’une personnalité complexe et d’une histoire bien à eux. Cette association forme une équipe intéressante et qui, entre deux rebondissements de l’enquête, donne lieu à une histoire parallèle. Le personnage de Mila est certainement le plus intéressant, d’autant que l’auteur ne nous éclaire sur sa personnalités qu’au goutte à goutte.

Son autre force tient dans l’originalité de son sujet. Loin de l’image du tueur sanguinaire, le tueur en série qui est pisté dans ce livre tient plus de Monsieur tout le monde que du boucher psychotique. L’auteur prend d’ailleurs soin à dresser une typologie très instructive des tueurs en série. Quand on sait que ce livre est tiré de faits réels, ça prête à réfléchir.

Enfin, sa dernière et plus grande force tient à la grande maîtrise des codes du polar par Donato Carrisi. Difficile d’imaginer que Le chuchoteur est son premier roman. Le suspense est parfaitement maîtrisé, les rebondissements incessants et je reconnais n’avoir pas réussi à en anticiper un seul. J’ai d’ailleurs souvent été convaincue de toucher au but et puis non, en quelques lignes seulement l’auteur me ramenait à la case départ.

J’ai adoré me faire balader par Donato Carrisi et conseille vivement la lecture de ce polar à tous les amateurs du genre, et aux autres également…

Le chuchoteur de Donato Carrisi
Chez Calmann-Lévy
442 pages
Lu au format numérique

A suivre :










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Un long silence ~ Mikal Gilmore

Gary Gilmore est l'un des condamnés à mort américains le plus célèbre. Son histoire a inspiré à Norman Mailer son fameux Chant du bourreau qui retrace la fin de sa vie jusqu'à son exécution et l'acharnement médiatique auquel elle a donné lieu.

Reconnu coupable d'avoir assassiné deux jeunes mormons dans une petite ville de l'Utah, ce n'est pas ses crimes qui l'ont rendus célèbre ni même sa condamnation à mort en tant que telle. S'il fut le premier meurtrier a avoir été exécuté depuis la suspension de la peine capitale dix ans plus tôt avant son rétablissement par la Cour suprême en 1976, c'est bien son renoncement à tout recours et même sa volonté à être fusillé, son "droit de mourir", persuadé que cette exécution était la suite logique d'une vie qui l'a mené tout droit devant un peloton d'exécution qui ont marqués les esprits.

Mikal Gilmore, l'auteur de ce livre, est le plus jeune frère de Gary Gilmore. Il nous relate ici l'histoire des Gilmore et nous explique, au fil des pages et des générations de cette famille, comment son frère a pu emprunter cette macabre route qui semblait par de nombreux égards toute tracée.

Un père escroc qui a passé sa vie à fuire ses créanciers, une mère effacée à la santé mentale fragile, deux parents violents entre eux et avec leurs enfants, un système éducatif démissionnaire, un système pénitentiaire où l'idée même de réinsertion n'existe pas et des fantômes familiaux qui sont là, silencieux mais bien présents, ont-ils rendu le destin de Gary Gilmore inéluctable ?

Dans ce portrait de famille, Mikal Gilmore ne laisse aucune place aux concessions et aux excuses. Ce récit est d'une puissance et d'une sincérité hors du commun. Sa noirceur nous frappe. Nous nous retrouvons embarqués dans la quête de Mikal Gilmore. Un quête de la vérité, de la compréhension et peut-être de la rédemption pour retrouver une vie normale, sans l'ombre de ce frère qui plane, tout le temps.

Ce livre est dur, il est d'ailleurs bien difficile d'en ouvrir un autre une fois celui-ci terminé, mais il prête à réfléchir et nous laisse littéralement scotché. Je pense lire Le chant du bourreau d'ici quelques temps, histoire d'approfondir ma compréhension de cette affaire.

"Dans un monde meilleur, mes parents ne se seraient pas rencontrés - ou du moins ils ne se seraient pas mariés et n'auraient pas fondé un foyer. Dans un monde meilleur, je ne serais pas né. Franck Gilmore et Bessie Brown étaient deux êtres pitoyables et misérables. Je les aime, mais je dois dire ceci: c'est une tragédie qu'ils aient eu des enfants. "

Un long silence de Mikal Gilmore
Aux éditions Sonatines (en poche chez Points)
565 pages 

A suivre :


 







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La vie très privée de Mr Sim ~ Jonathan Coe


Dans la famille des loosers magnifiques, laissez-moi vous présenter Maxwell Sim, certainement le meilleur d’entre eux.

A 48 ans, la vie de Maxwell Sim n’a rien d’enviable : gravement dépressif depuis que sa femme l’a quitté, il ne travaille plus et vit presque reclus dans sa maison de la banlieue de Londres.

Il a pourtant essayé de reprendre sa vie en main en entreprenant un voyage à Sydney qui avait pour objectif de renouer une vraie relation avec son père mais rien à faire, cette tentative s’est soldée par un échec cuisant.

Jusqu’au jour où un ami, enfin son seul ami à vrai dire, employé dans une entreprise fabriquant des brosses à dents écologiques lui propose de participer à un projet publicitaire visant à implanter la marque dans les coins les plus reculés du Royaume-Uni. Voici donc Maxwell Sim en partance pour les îles Shetland au volant d’une Toyota Prius flambant neuve. Mais plutôt que de filer droit vers sa destination et d’accomplir sa mission, Sim entreprend de sillonner l’Angleterre pour retrouver son passé.

Guidé par la voix de son GPS, dont il va follement tomber amoureux et qu’il prénommera affectueusement Emma, Maxwell Sim va se lancer dans un véritable road trip mais surtout dans un revival de sa vie passée au gré de ses rencontres et de ses infortunes.

Il est fort Jonathan Coe, très fort même. Ce n’est pas chose facile de traiter des sujets aussi difficiles que la solitude, la désillusion et l’échec sans tomber dans le pathos. Pourtant Jonathan Coe réussit ici l’exploit de nous faire rire (avec un sens de l'humour très anglais bien sûr) avec l’histoire de ce type à qui rien ne réussit. Aucune tragédie à l’horizon, le sujet est traité tout en légèreté mais prête néanmoins à réfléchir.

Plus qu’un roman sur la vie d’un looser, La vie très privée de Mr Sim nous plonge aussi dans l’histoire contemporaine de l’Angleterre où la crise et la culture populaire ne sont jamais bien loin.

Un bon livre que je conseille, même si je n’irai pas jusqu’à dire qu'il est aussi bon que Testament à l’anglaise, difficile de faire aussi bien il faut dire…

La vie très privée de Mr Sim de Jonathan Coe
Chez Gallimard (existe aussi en poche)
464 pages
Lu en format numérique

A suivre :










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Girls don't cry ~ Nine Antico


Attention, BD pour filles !

Nine Antico nous dresse ici le portrait de trois adolescentes confrontées aux soucis inhérents à cette période de la vie : déceptions amoureuses, amitié entre filles, relation à son corps, tout y est.

Le ton est drôle, cynique, le propos tout à fait lucide et nous rappelle, non sans une certaine nostalgie, cette période ingrate mais si grisante. Les histoires sont courtes, elles tiennent chacune sur une page, ce qui confère à la BD un dynamisme agréable.

Cette BD vous fera passer un très bon moment et je ne doute pas que vous vous laisserez attendrir par ces jeunes filles un peu pestes mais terriblement attendrissantes.

"T'imagines un peu si on était grosses...
Je crois que je le vivrais très mal.
On serait obligées d'être hyper sympa.
Ou drôles...




Girls don't cry de Nine Antico
Chez Glénat, Collection 1000 feuilles
56 pages

BD à suivre :










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